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sylviegueroult

     LES PAUVRES DÉRANGENT…




 

  Samedi 23 novembre, séance de 13h.

         A Caen.

 

         Je sors tout juste de la salle du cinéma Lux, classée Art et Essai.

 

         Un grand bravo à Messieurs François Ruffin et Gilles Perret d’avoir eu l’idée, et le culot, de réaliser ce documentaire, « Au boulot », qui permet de mettre le projecteur sur ces métiers invisibles pour la plupart, mais essentiels au bon fonctionnement de notre société : auxiliaire de vie, livreurs, femmes et hommes de ménage, magasiniers, vendeurs... Trop souvent négligés, critiqués, ou invisibilisés, ils sont pourtant inhérents à l’économie de notre pays. L’honneur des travailleurs, c’est le thème central, presque exclusif, de la filmographie du député de la Somme, François Ruffin. Rendre de la dignité « à ceux qui ne sont rien » aux yeux de la bourgeoisie.

        

         Bravo également à la très controversée avocate et chroniqueuse Sarah Saldmann d’avoir eu le courage de relever ce défi ! Ce n’est pas si facile de s’extirper de sa zone de confort, même pour quelques jours. Elle semble s’être investie, du moins face caméra ! Bon nombre de personnalité du PAF aurait décliné cette invitation. Dans ce documentaire, le journaliste fondateur de FAKIR pose la question rhétorique suivante : « Peut-on réinsérer les riches ? ». Il embarque donc Sarah Saldmann, pourfendeuse des propos médiatiques polémiques « tels que glandus, assistés et feignasses », dans le quotidien des classés populaires, bien loin du seizième arrondissement parisien. D’ordinaire choyée et dorlotée, elle est confrontée à la rudesse du quotidien des classes populaires, mais également à la grande solidarité qui transparait dans leurs attitudes. Le reportage raconte un monde populaire, partagé entre douleur et beautés, noblesse et misère.

 

         Je tiens à remercier l’ensemble de ces personnes qui ont accepté de témoigner, je suis à la fois bouleversée et admirative. Avec humilité, lucidité et humanité, elles ont su partager leur parcours de vie chaotiques. Je suppose que cela n’a pas dû être facile pour elles, aussi je ne peux que leur témoigner de mon plus grand respect. C’est un combat de chaque instant qui est, à mon sens, souvent vain. Elles en sont conscientes et en souffrent. Quoi que l’on en dise, elles essaient de s’en sortir du mieux qu’elles peuvent, avec les outils qui sont à leur disposition. Le déterminisme social est plus fort que tout. Je le sais puisque je suis des leurs ! (J’y suis, j’y reste)

 

         Les livreurs, les ouvriers d’usines, les employés de bars et restaurants, les auxiliaires de vie, les associations caritatives, les femmes de ménages, les agriculteurs… sont d’utilités publiques. Imaginez que toutes ces tâches soient désormais effectuées par des robots, sans intervention humaine. Je ne suis pas certaine que vous seriez satisfaits d’être servis au restaurant par un être qui ressemble à un humain, mais dépourvu de toute sensibilité ou bien que vos parents âgés soient accompagnés par le dernier joujou d’Elon Musk, le robot humanoïde Optimus.  

        

         Non seulement ces métiers manquent cruellement de considération de la part de leurs hiérarchies, mais les candidats ne se bousculent pas au portillon pour pour y postuler. Eh oui ! Les seul / seules es qui acceptent ces offres sont les personnes qui ne peuvent faire autre chose ! Les juger, les critiquer, les mépriser et bien plus aisé que d’appréhender leurs histoires de vie, et leurs conditions de travail. « Ce n'est pas la conscience des hommes qui déterminent leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience », écrivait Karl Marx. On ne se rend pas aux Restaurants du Cœur par gaité de cœur, tout comme il n’est pas évident de faire appel aux services d’une assistante sociale pour obtenir le RSA. Demander de l’aide demande du courage, ainsi qu’une grande humilité.

 

         L’assistanat est souvent pointé du doigt, pour autant la France reste à la première position du classement européen, devant l’Italie, puis l’Allemagne, en matière de dépenses de prestations sociale, soit 32.2% de son produit intérieur brut. Tout le monde en France en bénéficie à un moment donné de sa vie. Vous avez des enfants, vous avez le droit à une allocation. Vous êtes malades ou hospitalisé, vous êtes pris en charge par la sécurité sociale etc.

 

         Une fois n’est pas coutume, ce documentaire crée la polémique. Taxé de populiste ou de mise en scène caricaturale par certains, une chose est sûre, il s’inscrit dans la même lignée que le documentaire satirique Merci Patron ! ou encore Debout les femmes. A croire que les pauvres dérangent….

 

        

 

        

 

 

 

 

 

           

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